Guylaine Le Guénanff
Le monde vitivinicole n’a cessé d’évoluer depuis ces dernières décennies, en Europe et dans le monde, autour des innovations techniques, de l’action des institutions professionnelles et coopératives, ainsi que de celle des acteurs du vin. L’homme est bien au cœur de l’élaboration du vin et perçu comme médiateur du terroir. La profession de vigneron est aujourd’hui en pleine mutation, elle fait face à de nouveaux enjeux économiques et sociaux qui résultent de la globalisation. Par ailleurs, il semble que l’attention se porte de plus en plus sur ces hommes et ces femmes à travers des histoires de vie, professionnelles et familiales, sciemment mises en ligne sur les réseaux sociaux.
Issus du phénomène de réinvestissement de la campagne qui a débuté, dans la plupart des pays industrialisés, dans les années 70 et se poursuit encore aujourd’hui, ces vignerons et leurs familles sont le plus souvent des néo-ruraux et / ou parfois natifs du territoire. Cette volonté de réinvestissement de la terre a été supporté par des politiques d’accueil et de subventions qui ont attiré ces entrepreneurs néo-ruraux dans le but de revitaliser et de développer le territoire.
Dans ce contexte, je me propose de présenter ici une étude empirique de terrain portant sur les acteurs du vin, plus précisément trois petits propriétaires d’exploitations vitivinicoles d’une province de Toscane. La communication présentée s’inscrit dans le cadre d’une recherche plus générale en sociolinguistique ethnographique interactionnelle portant sur les idéologies véhiculées autour de l’œnotourisme et de la commercialisation du vin en Toscane, dans le contexte de marchés mondialisés. Ancrée dans une approche ethnographique, mon analyse s’appuie sur les discours multimodaux intégrant différents types de ressources sémiotiques. Ainsi, mes données sont issues principalement d’entretiens semi-directifs avec les vignerons, des sites Internet de leurs exploitations et des réseaux sociaux, ces derniers mettant bien en lumière leur positionnement à travers une mise en récit.
L’objectif de cette étude est de mettre en exergue les représentations et les idéologies qui sont véhiculées par les discours de ces vignerons toscans. Qui sont ces acteurs du vin ? Quel est leur parcours et qu’est-ce qui les a poussé à s’engager dans la vitiviniculture ? Quelles relations entretiennent-ils avec les membres de leur famille et / ou avec leurs associés, au sein d’une même exploitation ? Qui fait quoi et pourquoi ? Comment s’effectue la transmission familiale du patrimoine matériel et immatériel ? Quelle image véhiculent-ils à travers leurs mises en récit ? Quels intérêts ont-ils à exprimer les propos qu’ils soutiennent et pourquoi ?