Le vigneron champenois d’aujourd’hui : typologie d’un modèle économique en évolution

Aurélie Ringeval-Deluze

Proposition de communication_ARD

Les règles et pratiques qui structurent la filière du champagne ont subi des évolutions majeures au cours de la seconde moitié du XXème siècle, impliquant notamment des modifications profondes de la catégorie des vignerons, tant sur le plan de leurs pratiques culturales qu’en ce qui concerne leur part grandissante dans la vinification et les expéditions de champagne. Or ces grandes évolutions peuvent induire un impact profond à moyen et long terme sur la filière, sachant qu’aujourd’hui les vignerons rassemblent 90% du foncier viticole en appellation, pour près de 20% des ventes de champagne en volume.

Notre recherche a pour but de mieux connaître et comprendre ce type d’acteur économique qui a fait jusqu’ici l’objet de très peu d’études, mais dont l’impact sur sa filière d’appartenance est majeur. A l’heure où l’hégémonie du champagne est remise en cause par la concurrence croissante des vins mousseux, non seulement français, mais, surtout, étrangers, comment évolue le modèle économique des vignerons ? Et quel peut en être l’impact sur leur compétitivité au sein de leur filière ? Existe-t-il des catégories de vignerons mieux armées que les autres pour faire face aux évolutions récentes (et défavorables) du contexte économique des ventes de champagne ? Si oui, quels sont les déterminantsde cette éventuelle compétitivité supérieure ? Et, bien sûr, ces déterminants sont-ils généralisables, ou au moins transposables à d’autres catégories de vignerons (champenois ou non) ?

L’objectif de cette recherche à dominante économique est d’appréhender le vigneron champenois dans toute sa diversité, au-delà des grandes catégories administratives qui reflètent assez peu l’hétérogénéité très forte qui caractérise cette catégorie d’acteurs. Notre approche s’articule autour du concept d’intégration verticale constitué des trois piliers que sont la vigne, le vin et la vente (les « 3V »), en fonction de l’importance que le vigneron accorde à chacune de ces étapes du processus de production.

D’un point de vue méthodologique, cette recherche s’appuie sur une étude qualitative (entretiens semi-directifs) constituée d’une quarantaine d’entretiens auprès de vignerons aux exploitations de tailles variables et représentatifs des différentes sous-régions qui composent l’aire d’appellation champagne. Elle est complétée par une étude quantitative envoyée à l’ensemble des exploitants viticoles de la région, le but étant d’affiner et quantifier notre typologie, voire d’en dresser la cartographie. A ce jour nous comptons 750 réponses, l’enquête n’étant pas close.