Innovations environnementales en viticulture : entre perception des vignerons et facteurs déterminants de leur adoption

Annie Sigwalt 

Malgré de nombreux efforts déjà entrepris en matière de réduction d’emploi de pesticides avec les plans Ecophyto I et II, la viticulture française peut encore progresser en termes de performance environnementale. L’accompagnement aux changements de pratiques nécessite non seulement de pouvoir évaluer la performance environnementale de différentes solutions techniques mais aussi de pouvoir identifier les freins et leviers économiques, sociologiques et organisationnels. C’est l’objectif visé par  le programme de recherche Eco3vic, financé par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), et porté par l’Ecole Supérieure d’Agriculture Angers Loire ; sa finalité est de concevoir une démarche globale d’écoconception participative d’itinéraires techniques viticoles, afin de favoriser l’adoption, par les vignerons, de pratiques jugées moins impactantes sur l’environnement du point de vue de la méthode de l’analyse du cycle de vie (ACV). Cette méthode, qui intègre toutes les phases du processus de production d’un produit – ici le raisin – permet de prendre en compte l’ensemble des impacts en termes de pollution, de production de gaz à effet de serre, et d’utilisation des ressources. Une fois ces techniques vertueuses repérées par des spécialistes de l’ACV en viticulture, il est nécessaire d’analyser comment les vignerons peuvent s’en saisir afin de les intégrer dans leurs pratiques viticoles. C’est l’objet de cet article, qui s’est d’abord appuyé sur une étude sociologique menée par entretiens semi-directifs auprès d’une douzaine de vignerons sur les trois départements de Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Indre-et-Loire. L’analyse des résultats de cette première phase d’étude a débouché sur l’élaboration d’un questionnaire, pour enquêter 150 viticulteurs-vignerons sur le même terrain, afin d’obtenir des résultats chiffrés quant à leur perception des pratiques jugées intéressantes au plan de l’ACV. Les données qualitatives et quantitatives produites permettent d’une part de prendre en compte les avantages et les inconvénients pointés par les vignerons sur des propositions techniques qui s’étendent de l’implantation de la vigne aux vendanges ;  d’autre part, elles font apparaître l’importance, pour comprendre le raisonnement de chaque vigneron quant à l’évolution de ses pratiques, de saisir le contexte territorial, économique et sociologique dans lequel il se trouve.